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vendredi 11 novembre 2016

Le ras le bol de la majorité silencieuse :
C’est fou la fréquence à laquelle cette expression peut être entendue, vue, lue dans ce début de campagne électorale. Eh bien figurez-vous que je me reconnais assez bien dans ces 9 neufs mots, comme certainement beaucoup d’entre vous. Ca y est les Français sont entendus par la classe politique ? Non, soyons « rassurés », toujours pas. Il faudrait être autiste pour ne pas entendre la grogne partout dans la société, et il faut être politique pour en tirer des conclusions aussi éloignées de la réalité.

C’est quoi la majorité silencieuse
Ce sont des personnes comme moi qui sont pour l’accueil de migrants qui fuient la guerre (comme 82% de la population française), qui sont pour le mariage pour tous, qui sont pour les éoliennes, ….

Bien-pensance, pensée unique, …
Toutes ces expressions agitées par certains m’agacent. Elles ne sont pas définies précisément, alors chacun y met ce qu’il veut.
Il me semble pourtant qu’il y a quelques valeurs auxquelles on ne peut pas déroger. En effet, on ne peut pas à la fois se référer constamment à l’héritage judéo-chrétien de la France contre l’Islam, et dans le même temps refuser l’héritage moral de cette culture. La notion de bien et de mal sont clairement définies dans la bible. Ne pas faire aux autres ce qu’on ne veut pas qu’on nous fasse. Cela me paraît une limite assez claire, et oui le monde a besoin de limites. Si vouloir que l’intervention publique reste dans un cadre moral c’est de la pensée unique, alors oui je suis fier d’en faire partie. On comprend assez bien d’ailleurs les scandeurs de ces expressions, ils ont fait leurs propres interprétations de ce qui était bien ou mal.

Les origines du ras le bol
A mon sens, elles sont à chercher dans les causes d’angoisse, de stress ou d’inquiétude des Français. Alors, bien entendu, la peur des attentats est là présente en chacun de nous, perdre la vie ou un proche lors d’une abomination gratuite est aveugle est monstrueux. Mais franchement, est-ce vraiment l’angoisse qui vous vient le plus souvent en tête, qui vous paraît la plus probable ?  Pas pour moi. Le risque d’un plongeon vers la pauvreté, le risque d’un déséquilibre du monde et la descente vers la guerre à l’issue de la prochaine crise économique, le risque de laisser à mes enfants un monde au bord du gouffre (crise du pétrole, déséquilibres Nord-Sud, changement climatique, la montée des communautarismes, les excès de la financiarisation de la société, la montée des extrémismes de tous bords…) me paraissent être des menaces bien plus concrètes et à la fois bien plus probables à mon échelle et bien moins traitées par les politiques.

Une erreur d’analyse des politiques ?
Les primaires de la droite surfent sur la notion de rétablissement de l’autorité de l’état. Soit, pourquoi pas ? Cela ne doit-il concerner que l’autorité autour de la sécurité ? Je n’en suis pas certain, enfin, cela ne répondrait aucunement à mes sujets d’inquiétudes principaux. Alors, jouer sur la peur est facile. Il est certainement plus rapide de proposer d’enfermer des gens radicalisés que d’analyser le pourquoi de leur radicalisation et tenter d’en résorber les causes.
Je crois cependant que le discours dit « décomplexé » de la « droite forte » n’est pas seulement populiste en jouant sur les bas instincts humains : « Il est différent, il est en minorité, tapons sur lui ». Ce discours valide aussi le fait de l’incapacité politique à régler les vrais problèmes, à offrir de vraies perspectives, un vrai espoir.

 La lutte contre les symptômes de radicalisation alimente la radicalisation
Une personne ne peut entrer dans un processus de radicalisation qu’à une seule condition, avoir le sentiment de ne plus avoir rien à perdre. Alors oui, c’est le cas de plus en plus de personnes dans notre société. Le monde du travail est devenu dur, brutal, précaire. Les perspectives d’avoir une vie meilleure sont bien minces, et ce malgré tout le courage du monde.
A cela, la classe politique n’a que cette seule réponse : « nous ne pouvons rien faire pour améliorer votre quotidien, en revanche, sachez qu’au moment où vous péterez un câble, nous serons là pour vous choper. » Alors, évidemment, ça donne des envies à de plus en plus de monde…

Le politique a abandonné le pouvoir à d’autres
Cela me fait rire (jaune, certes) de constater que l’Europe est le bouc émissaire parfait. J’aimerais assez qu’on m’explique en quoi les technocrates parisiens seraient plus proches des préoccupations quotidiennes des français que les technocrates de Bruxelles, en quoi les lobbys qui édictent leurs règles au niveau européen, le font moins au niveau national, enfin, en quoi sortir de l’Europe permettrait au politique de retrouver un vrai poids dans l’économique.

Elle est là, la vraie frustration.
Depuis la période Reagan / Thatcher les rênes du pouvoir économique ont été abandonnés par les politiques. Cela s’appelle la libéralisation. J’y vois plusieurs inconvénients majeurs :
·         La libéralisation a pour objectif l’augmentation de la richesse de certains, pas la montée du niveau de vie de tous,
·         Elle a eu quelques effets dévastateurs par excès de cupidité de certains (par exemple la crise de 2008)
·         Il est notable que la proportion de pauvres a considérablement augmenté, c’est factuel
·         Enfin, et surtout, on peut penser que la libéralisation tire le monde vers le haut ou vers le bas, ce qui est inacceptable, c’est que le pouvoir économique est laissé à une sphère qui n’est absolument pas démocratique.
Gauche / Droite : même combat donc absentions, votes de rupture ou par défaut
La seule phrase de François Hollande qui avait suffi à faire taire mes scrupules de voter pour lui (en plus du fait de voter contre Dark Ozy) est celle sur la guerre à la finance… Même pas certain que j’ai besoin de développer ce point-là.
Ce qui dégoûte la majorité silencieuse dont je fais partie c’est l’abandon du pouvoir par les politiques. Certains répondent à ce dégoût en refusant de se rendre aux urnes, d’autres avec des votes extrêmes qui sont en rupture, d’autres dont je fais partie qui sont attachés au processus électoral se contentent de voter pour le moins pire.

Pas de vote d’adhésion
Alors, Madame, Monsieur futur(e) président (e) de la république, en vous élisant, la France ne vous aura pas fait confiance, vous serez au mieux un choix par défaut. Hormis pour quelques militants passionnés, votre candidature ne recueillera pas un vote d’adhésion à votre programme (ou à votre manque de programme), ni à votre personnalité.

La seule manière de répondre à cette crise de confiance envers la classe politique
Non, Monsieur Fion, la constitution actuelle n’est pas parfaite. Elle n’est peut-être pas si mal par beaucoup d’aspects, mais permettre d’élire un président pour de mauvaises raisons est dans ce système voulu par le général de Gaulle une catastrophe.
Il est impératif de comptabiliser le nombre de votes blancs, et/ou d’interdire l’élection d’un président qui n’aurait pas une proportion importante de la population inscrite sur les listes électorales. J’y vois plusieurs avantages :
·         Ne pas gonfler artificiellement le nombre de votes de contestations
·         Ne pas gonfler artificiellement le nombre de votes de compromissions
·         Faire revenir aux urnes beaucoup de déçus
Evidemment, le risque de crise politique est important, le désordre pratiquement inévitable. Mais cela contraindrait ENFIN la classe politique à vraiment ECOUTER les demandes et les besoins des français et pas seulement n’écouter que ce qu’ils veulent. Nous éviterions par-là, bien des sources de désordres beaucoup plus destructeurs.

Redonner la voix à la majorité silencieuse
Une autre proposition, ou plutôt un amendement à une proposition qui est portée par beaucoup de monde en ce moment sur la démocratie participative.
Il est proposé d’imposer l’examen d’une proposition dès qu’elle est portée par une pétition regroupant 500 000 signatures (ou plus ou moins, en fonction de qui formule cette proposition). C’est une bonne chose. Il est cependant hors de question de ne permettre qu’aux seuls râleurs du pays de s’exprimer. Il est nécessaire qu’il y ait un contrepoids. Une pétition doit être effectivement examinée par le parlement à partir d’un certain nombre de signatures ET si une pétition contraire n’a pas atteint le même succès.

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