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vendredi 18 novembre 2016

Gaz et huiles de schiste :
Les USA sont de nos jours les premiers producteurs de pétrole au monde. Ce leadership a été conquis grâce à l’exploitation des gaz et huiles de schiste. De notre côté de l’Atlantique, la technique de fracturation hydraulique est presque partout interdite et jusqu’à l’exploration est proscrite. Les débats sur le sujet sont animés mais j’ai voulu aller plus loin que les prises de position dogmatiques et comprendre quels étaient les enjeux. Ce faisant, je me suis aperçu que les débats comptaient beaucoup sur l’ignorance de l’audience. Alors, j’ai décidé de vous faire profiter des quelques connaissances que j’ai pu récolter au cours de mes recherches.

Que sont les Gaz et huiles de schiste ?


Schématiquement, ce sont de petites bulles de gaz ou d’huile emprisonnés dans une roche : le schiste.

Comment les extraire ?
A ce jour, nous ne connaissons qu’une seule technique : il faut fracturer la roche qui les emprisonne. Pour effectuer cela, il faut envoyer beaucoup d’eau, beaucoup de sable et pas mal de produits chimiques le tout sous une très forte pression. la roche casse, les bulles éclatent, le gaz et l’huile remontent.

La fracturation hydraulique une technique contestée parce que contestable

Cette technique tout d’abord a pour principe de casser le sous-sol. L’activité sismique des régions productrices a changé. Cela bouscule l’équilibre du sol. Même si cela n’a pas provoqué de gros séismes, on ne peut pas nier que cela soit plus anxiogène que rassurant. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas neutre.

Le mélange chimique utilisé est presque aussi secret que la recette du Coca Cola. Doit-on réellement croire sur parole les exploitants sur l'innocuité de ce mélange ?

J’ignore si cela arrive encore, mais cela est arrivé que les remontées de gaz rencontraient des nappes phréatiques. Le fameux gaz remonte alors dans les canalisations. Nous sommes assez nombreux à avoir vu ces vidéos de robinets qui prennent feu à l’approche d’une flamme. C’est trop classe.

La fracturation consomme des quantités phénoménales d’eau, qui pourtant devient une denrée de plus en plus rare. Cela pompe donc factuellement et significativement dans la nappe phréatique.

Si j’ajoute à ces 4 arguments, le fait qu’on a déjà trop de CO2 dans l’atmosphère et qu’aller en chercher encore dans les entrailles de la terre ne va peut être pas dans la bonne direction, vous allez me dire, si vous vous êtes un peu penchés sur le sujet, “ok, ça, on sait, mais rien de bien nouveau”

Mais encore ?

La portée d’un puits de forage est assez limitée, on parle ici de quelques centaines de mètres. Alors, des techniques sont en cours d’expérimentations pour élargir la portée mais on dépassera difficilement le km. Cela a plusieurs conséquences.
D’une part pour couvrir une zone, il est nécessaire d'avoir beaucoup beaucoup de petits forages qui s’épuisent vite. On fore, on exploite (quelques mois) et hop il faut aller creuser 500 m plus loin. Bonjour le mitage du paysage.
Je n’ai pas réussi à comprendre si c’est pour cela qu’au minimum un tiers du gaz qui remonte est brûlé sur place sous forme de torchère. Vous admettrez que  tous ces efforts pour que le gaz ne soit même pas exploité fait un poil mal au cœur.
La durée de vie d’un gisement de gaz de schiste est donc très courte. Les gisements les plus rentables des USA sont déjà au bord de l’épuisement.

Rentabilité ???

Il existe dans l’industrie pétrolière un ratio qui divise la quantité d’énergie produite par la quantité d’énergie qu’il faut pour extraire. Alors dans certains pays du golfe persique, ce ratio peut monter jusqu’à 9. En mettant une mesure d’énergie, on extrait 9 mesures de pétrole.
Dans le cas du gaz de schiste, on est rarement au delà de 1,2, voire 1,4. Alors, bien sûr avec un cours du pétrole haut, l’équation reste profitable. Elle ne le sera jamais,  même si le pétrole monte à 1000 $ sur des gisements qui ont un ratio à 0,8.

Et à partir de là, on entre dans la logique géostratégique.

L’OPEP maintient artificiellement bas les cours du pétrole. Même si ce n’est pas le seul but, cela permet de dévaloriser tous les investissements faits dans les huiles de schistes aux USA. Les faillites dans le secteur se multiplient. Cette nouvelle ruée vers l’or noir n’aura que peu duré. L’Arabie Saoudite aux manettes de l’OPEP veut montrer sa toute puissance et regagner son statut de premier fournisseur mondial. Ils jouent un jeu dangereux. Le budget de l’état saoudite est actuellement en déficit avec les cours actuels du brut, à tel point qu’il suffirait de 5 ans à ce rythme pour que le pays vide de ses caisses tous les dividendes de l’activité pétrolière passée.

Désastreux d’un point de vue écologique (CO2, sous-sols, nappes phréatiques, mitages du paysage, consommations d’eau), on pourrait croire que l’exploitation du pétrole de schiste a un intérêt économique. je ne crois pas une seule seconde que l’OPEP nous laisserait faire et en tirer avantage.

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