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jeudi 11 mai 2017

Et dans un mois les législatives

C'est un doux euphémisme que de dire que l'ascension et l'élection de Macron ont eu l'effet d'une grenade dégoupillée dans le paysage politique du pays. On en est encore à compter les victimes, et les effets à moyen et long termes sont encore difficilement imaginables.

Mais, revenons un moment sur l'élection de dimanche dernier :

  • Près de 11 millions de votes pour Marine Lepen. C'est énorme pour un vote contestataire quand même.
  • Absentions + Votes nuls et blancs : un peu plus de 16 millions, sur 47 millions d'inscrits sur les listes électorales, ça pose question.
  • Macron est élu avec 43 % des inscrits. Alors si on déduit de cela les personnes qui ont voté pour lui pour faire barrage au FN, et ceux qui ont voté pour lui dès le premier tour sans être vraiment convaincus. Je me demande combien de Français ont réellement voté par adhésion. 
Afin de lever toute ambiguïté, je suis persuadé que nous rêvions tous d'un candidat tel que Macron. Il est jeune, intelligent, charismatique, optimiste, volontaire, il fait péter le clivage droite/gauche. Tout cela est excellent. Et je pense que bon nombre de Français se sont arrêtés à ces considérations pour fixer leur choix sur ce candidat. 

Mais, car il y a un mais, l'orientation de son programme se revendique d'un libéralisme extrême. Or, je crois que la France qui souffre, la France qui est en colère correspond à la France qui ne profite pas de la libéralisation, mais qui en pâtit. Et elle représente une part de plus en plus importante de la population, tant le "système" a tendance à accroître les inégalités.

C'est ce qui fait que de mon côté, je ne me suis pas arrêté à l'image un poil trop marketée à mon goût du candidat Macron, mais que j'attends les premières mesures concrètes pour mesurer le degré de résistance nécessaire. Et, au passage, je ne suis pas persuadé que son expérience dans une banque d'affaires soit le meilleur moyen d'avoir une vraie vision du monde professionnel privé.

Je trouve assez frappant de lire les impatiences à propos du nom du premier ministre, de la composition du gouvernement, et in fine des orientations politiques à attendre du quinquennat. Le programme d'En Marche nous a laissé sur notre faim, il semble donc trop vague pour pouvoir deviner quelle pourrait être sa concrétisation dans la vraie vie. Il nous faut plus d'éléments pour se faire une idée de la trajectoire à venir. 

L'exercice de composition de son gouvernement est délicat pour Macron. Avec une équipe teintée trop à droite, il va rebuter les électeurs de gauche, et inversement. Il se pourrait donc aussi, qu'il se trompe et se coupe d'une partie de son électorat très rapidement. Parce que cela n'a rien de réellement évident de choisir une personnalité avec de l'expérience sans qu'elle ne soit trop marquée par l'ancien schéma droite/gauche.

C'est une des clés des prochaines législatives, même si ce n'est pas la seule. Une autre pourrait être les ralliements de part et d'autre. Dans cette période de recomposition, il faut être un très fin stratège pour se positionner correctement et ne pas se faire griller. Je crois que le jeu mené par Valls est par exemple particulièrement dangereux et pourrait tout aussi bien le mener à une mort politique. Il se sépare de sa famille politique pour rejoindre REM, cela suppose aussi que celle-ci veuille bien de lui. Tous les ténors politiques doivent actuellement se poser la question que ce soit par intérêt personnel ou pas d'ailleurs, je n'aimerais pas être à leur place. D'ailleurs, certains se retirent sagement en attendant que la fumée ne retombe. Ils annoncent qu'ils quittent la vie politique. Je suis convaincu que pour certains au moins d'entre eux, cela leur évite d'avoir à faire un choix qui pourrait les griller. Libre à eux ensuite de revenir vers le camp des gagnants. Pas con la manœuvre, même si un peu grossière.

La victoire de Macron fait exploser les deux grands partis de gouvernement précédents LR et PS. Cela pourrait lui garantir une majorité à l'assemblée. J'avais pronostiqué dans un article précédent, 15% de chances que Macron se retrouve président avec une majorité parlementaire. Ma réflexion évolue sur le sujet, aujourd'hui, je dirais plutôt 55%...

J'aimerais croire que lors de cette campagne pour les législatives on va enfin parler d'idées et de projet pour la France, mais ma sensation du moment est que les programmes vont partout (ou presque, enfin au moins au PS et chez LR) être bricolés à la hâte. J'espère que la période qui s'ouvre saura me détromper.

Bon, et si on se projetait ? Wouah, exercice périlleux s'il en est... ;-)

Tout d'abord, les règles ne sont pas les mêmes qu'aux présidentielles. Ce ne sont pas les deux premiers qui peuvent se maintenir, mais ceux qui ont obtenu 12,5 % des inscrits, donc, avec une participation de 40%, il est nécessaire d'obtenir environ 20% des votes exprimés...

Ensuite, le contexte est bien différent. En effet, d'une part la nécessité de vote utile contre Lepen est moindre, d'autre part, il y a bien certainement une prime au parti du président, certains Français voudront donner la possibilité à Macron d'agir avec une majorité. 
Mais ce n'est pas tout, la loi de non-cumul des mandats entre en vigueur ce coup-ci. On constate que certains députés maires ne se représentent pas, ouvrant la voie à un renouvellement naturel.
Enfin, que penser de l'agonie des deux grands partis de gouvernement historiques ? Bougent-ils encore ou sont-ils bien morts ? Le raisonnement de Baroin prétendant que c'est Fillon avec ses affaires et non les idées de la droite qui ont été sanctionnés n'est pas complètement débile.

Bien malin qui peut imaginer le report de voies entre les présidentielles et les législatives alors que le paysage est à ce point en plein bouleversement. Les différentes études d'opinions qui sont sorties jusque là donnent des résultats tellement différents de l'une à l'autre qu'il est vraiment délicat de se faire une idée réelle.

Une approche purement arithmétique est donc difficilement applicable. Je vous propose plutôt un raisonnement pifométrique assumé.

L'assemblée c'est 577 sièges, donc une majorité absolue à 289.
Si nous étions en proportionnelle pure, et si tous les gens qui ont voté dimanche dernier votent la même chose aux législatives, on aurait le résultat suivant : 


FN134
REM152
PS41
FI124
LR126
TOTAL577


Alors, je ne vais pas commenter ce tableau, il est juste indicatif, mais cela me paraissait pertinent d'ajouter cette vision.

Notez quand même que j'ai enlevé les "petits partis", sinon Asselineau avait 5 députés. Il ne faut quand même pas déconner...

Bon, alors maintenant ma vraie prévision à la Madame Soleil


FN45
REM266
PS50
FI41
LR175
TOTAL577


Alors, comment j'ai fait ça ? 
Les études montrent que LR aura entre 150 et 200 sièges, j'en ai juste pris la moyenne. Franchement, je ne pense pas être loin de la vérité. (Ils en ont environ 200 actuellement)

50 députés PS, c'est le minimum de députés PS jamais obtenu. C'est peut-être encore un peu optimiste, mais il me semble quand même que certaines personnalités PS sont indéboulonnables. C'est quand même 6 fois moins qu'aujourd'hui !!!

Ensuite, j'ai juste divisé à peu près par 3 les scores FN et FI  par rapport au tableau précédent. Et ce facteur 3 est optimiste pour les deux formations, même si on peut le regretter pour la démocratie dans sa représentativité populaire.

Enfin, les sièges qui restaient, je les ai reportés sur REM.

Ben, je trouve que ça a quand même de la gueule cette prévision au doigt mouillé. REM obtient une majorité relative mais pas absolue et n'en est pas loin. Et compte-tenu de la marge d'erreur de la méthode de calcul (.... ;-) ....), il se pourrait bien que la majorité absolue soit accessible.

Je m'engage ici à confronter cette prévision aux résultats définitifs et à vous en rendre compte.

A suivre...

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