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mercredi 8 février 2017

La campagne débute et j'ai déjà la nausée

Et moi qui attendait ça avec tellement d'impatience ... une joute sur les idées, des débats passionnés et passionnants. Les dernières élections dans le monde ayant apporté leurs lots d'avertissements forts, il me semblait nécessaire que nos élections présidentielles soient (deviennent ?) riches et constructives. Certes, la campagne ne fait que commencer, mais je trouve que ce n'est guère encore au niveau des enjeux. Revue de détail.


Le cas Fillon

Cela fait plusieurs fois que j'entame la rédaction d'articles sur le sujet, et à chaque fois, je suis rattrapé par l'actualité et un nouvel événement. Il se présente comme "la meilleure solution pour redresser la France", il est à mon sens "la meilleure solution pour faire battre la droite". Ce qu'il a fait était légal, peut-être, on n'en est pas encore certain et c'est à la justice de décider, présomption d’innocence tout ça. S'il l'est, cela signifie juste que la loi doit être modifiée parce que c'est complètement immoral. Cela me fait penser aux débats sur l'optimisation fiscale qui frise parfois l'évasion fiscale mais qui est légale.
Ce qui choque le plus les Français, c'est qu'en se défendant ainsi, il met en valeur le fait qu'il ne se rende même pas compte de la faute morale. Ça vaut bien le coup de se présenter en chevalier des valeurs chrétiennes.
Il n'en demeure pas moins que je n'aimerais pas être un électeur de droite, Fillon est qu'il le veuille ou non disqualifié (imaginez le juste deux secondes président, comment réagiraient les Français à la moindre demande d'effort financier venant de sa part ?) et trouver un remplaçant dans l'intervalle est une gageure. Plus Fillon tarde et plus il met à mal son propre camp. Le seul  que je vois surnager dans la mêlée est François Barroin, encore un François... Parce que les perdants de la primaire ont pour la plupart déclaré qu'après avoir perdu on ne se remet pas sur la ligne de départ (argument pour discréditer Sarko), alors il me semble qu'il faut taper ailleurs, et Barroin pourrait être le plus rassembleur des autres noms cités. Quoiqu'il en soit,  pour le remplaçant éventuel ou pour Fillon lui-même, la campagne promet d'être super pénible.
Verra-t-on une nouvelle primaire à droite en 2022 ? Je ne parierais pas beaucoup dessus.
Même si je n'ai pas la plus grande sympathie pour les idées de Fillon, cette mise à mort qui n'en finit pas commence à friser l'indignité.

Lepen / Macron

Une fois Fillon écarté, il reste Lepen et Macron en grands favoris, respectivement avocate et énarque. Il est à noter que tous les présidents depuis Giscard furent soit l'un soit l'autre. Les deux sont de ce côté là bien ancrés dans la tradition de ces 40 dernières années.
Ce n'est pas là leur seul point commun, ils souhaitent représenter une rupture avec ce qui s'est fait avant, l'une par ses idées, l'autre jusque parce qu'il est plus jeune.
Oui parce que hormis le charme, le charisme et l'intelligence indéniables de Macron, on ne sait pas grand chose de son programme. Que sait-on de lui ? Il n'est "ni de gauche, ni de droite", il est plutôt libéral quand même, il est un ancien banquier d'affaires (enfin un sorte de super commercial...), et il a fait la loi qui porte son nom. Et comme celle-ci, ce qu'il a laissé filtrer de son programme ressemble à un patchwork plus ou moins cohérent de mesurettes qui n'offre pas vraiment une vision de la France sur les 5 ans à venir. En tout état de cause, si l'homme est neuf, il est un pur produit du système et de ce fait pas vraiment à même de produire des idées novatrices....du moins jusqu'à présent.

Mais le point commun le plus frappant entre ces deux candidats est le fait que j'ai beaucoup de mal à comprendre comment ils pourraient obtenir une majorité à l'assemblée. Depuis l'avènement du quinquennat, on a tendance à penser que les élections législatives sont une sorte de formalité au régime présidentiel. mais pour Lepen comme pour Macron, obtenir cette majorité est à mon sens loin, très loin d'être gagné. Et là, je vois deux issues : soit une crise institutionnelle qui balaie tout cela et nous fait repartir sur quelque chose de neuf (hypothèse positive), soit des jeux politiciens de ralliements contre-natures qui ne feraient que décrédibiliser encore un peu plus notre classe dirigeante. En un mot, le bordel.


Hamon / Mélenchon

Les tic et tac de la gauche me posent un problème. J'hésite entre les deux, et je pense que je ne suis pas le seul. Leurs programmes sont très similaires. Alors bien sûr, on peut s'arrêter à la proposition de revenu universel qui semblerait complètement utopiste. Je ne le conçois pas comme une promesse ou un engagement de campagne mais plutôt comme une direction issue d'une vraie réflexion sur le monde du travail d'aujourd'hui, de demain ou d'après-demain. Mais les programmes contiennent bien plus que cela encore sur la démocratie, l'environnement, etc.
Leurs intentions de vote cumulées assurent un passage au second tour, cela paraît tentant dit comme ça. Il ne reste qu'à ne pas se rater, je ne suis pas complètement optimiste.
Eux aussi sont en rupture, en rupture avec un système libéral dont on peut penser ce qu'on veut mais qui a factuellement produit  une hyperconcentration des richesses au détriment du plus grand nombre.

Les autres candidats

A ma connaissance, les autres candidats ne sont pas assurés d'avoir les signatures nécessaires au dépôt de leur candidature. Permettez moi d'attendre d'y voir plus clair avant de me projeter.


Un paysage politique au bord de l'implosion

La recomposition du paysage politique semble inéluctable, On a eu pendant des années un bipartisme fort, avec certes des nuances et des courants mais la formule magique "Ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise" maintenait une unité pour accéder aux responsabilités. Aujourd'hui, les positions semblent s'être clivées, un peu malheureusement à l'image de notre société. Le Brexit et l'élection de Trump ont montré que les populations attendent autre chose, alors chacun y va de sa singularité et de ce fait se démarque des autres en des positions difficilement réconciliables. Or, tous oublient qu'un président doit d'abord rassembler.
Le PS réussira-t-il à ne pas se scinder entre centre gauche et la gauche de la gauche ? Les Républicains passeront-ils la vague des affaires Fillon, du remplacement ou pas ? Macron réussira-t-il à créer une véritable force politique au centre (droit ?) ? Enterrera-t-il Bayrou ou lui donnera-t-il une nouvelle jeunesse ?
Allez, il y a encore pas mal de choses passionnantes à vivre, bien que plus ou moins heureuses.



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