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lundi 4 septembre 2017

Le PIB

Le voilà le grand chef indien de tous les indicateurs, le PIB : Produit Intérieur Brut. Il est l'Alpha et l'Oméga de nos sociétés modernes. Tout se fait par et pour lui. Ben moi, ça commence à me mettre pas mal les abeilles.

Piloter l'économie

On est d'accord, il est pertinent de disposer d'un moyen de mesurer la santé de l'économie. Cela permet de piloter, c'est à dire prendre des décisions et des mesures, dans le meilleur des cas en ayant un poil anticipé, pour garder sous contrôle l'économie.
Ah ben, ça c'est bien déjà, une première affirmation indiscutable. Enfin...indiscutable ?
On va dire que je chipote mais "garder sous contrôle l'économie" ? L'auteur de cette expression est-il bien certain de ce qu'il dit ou verse-t-il dans le sentimentalisme et l'utopie ? Un gouvernement a t il le contrôle de son économie ? Sait-il tout au moins infléchir par ses décisions le cours des choses ? Soudain le doute m'envahit...
Bon tellement de gens font tellement d'efforts pour faire cette mesure, la commenter, etc. qu'au moins, pour ne pas leur faire de la peine, nous allons supposer que oui. Nos sociétés disposent d'un vrai pilotage économique qui a besoin d'un instrument de mesure. Ouf, on sauve les meubles, mais c'était pas loin. 

C'est quoi une économie en bonne santé ?

Il semble généralement admis qu'une économie en bonne santé est une économie dans laquelle l'argent circule. Plus ça circule et meilleur c'est. Je ne me sens pas assez compétent pour juger de cela, je l'admets donc aussi dans ma grande magnanimité avec le reste du monde. Le seul hic, c'est que cela revient à la mesure d'un flux. Face à cette difficulté, on s'est dit facile, on n'a qu'à mesurer la production, enfin celle qui a été consommée, pas con en effet. Ainsi, en mesurant la source, on mesure le flux. 
Prenons un cas d'école, imaginons un pays avec énormément de flux financiers mais avec une population dans une grande pauvreté. Est-ce vraiment si compliqué à imaginer ? Et si on met là dedans une grosse tranche de corruption avec une classe dirigeante qui tire personnellement profit de manière exagérée des revenus de ressources naturelles par exemple ? Et si on suppose que ces revenus sont ensuite placés à l'étranger ? Je suis convaincu que vous avez comme moi quelques noms de pays en tête... Un pays donc doté d'une production importante ou au moins satisfaisante avec une trop large proportion de population trop démunie. Le cas d'école n'est guère fantaisiste. On a donc ici un PIB important, et une économie somme toute assez déplorable.

Alors bien entendu, on ne peut pas raisonner à partir d'exemples ou de contre-exemples. Ils ne servent qu'à analyser les biais possibles. Et la corruption, et l'inégalité de la redistribution ne sont donc que certains des défauts qui ne sont pas pris en compte dans la mesure du PIB.

Un seul indicateur ? 

On entend parler d'autres indicateurs, mesure de la dette, taux de chômage, mais par un tour de passe passe, ils sont tous reliés au PIB. "Le chômage ne peut pas baisser en dessous de x% de croissance du PIB", "Les taux d'intérêts de remboursement de la dette et donc de son coût final sont liés aux anticipations de croissance des organes de notation et de la haute finance". Tout, peut être pas mais beaucoup trop de choses sont reliées à la mesure du PIB

Le chat de Schrödinger

L'expérience théorique du chat de Schrödinger suppose d'enfermer un chat dans une capsule fermée et coupée de l'extérieur. Si la porte de cette capsule est ouverte, le chat meurt. Si bien qu'à aucun moment, on ne sait dire si le chat est mort ou vif. Alors, épargnez moi la réaction à la BB "Oh mais le pauvre chat..." qui ne sert à rien cette expérience n'a jamais eu lieu.
Ce que ça signifie juste c'est ceci, il existe certains contextes dans lesquels le fait même d'une observation modifie les conditions de la mesure et donc la fausse. 
Il ne me paraît pas complètement débile de se poser la question sur l'observation du PIB. OUh làlà, ce pays là est en décroissance, il ne faut absolument pas investir là-bas, même si du coup  ce n'est pas comme ça que le pib risque de se redresser. Et inversement. Je crois que rien que d'afficher un PIB en hausse la provoque ou la conforte.
La mesure du PIB influe directement sur celui-ci...

Une mesure réaliste ?

J'ai quelques cas en tête dont je me demande si et comment ils rentrent dans le calcul du PIB. Et sinon, qu'en penser ? Il y a un boom d'une économie dite coopérative ou circulaire. Qui n'a jamais revendu quoi que ce soit sur le bon coin ? fait un trajet blablacar ? Pris une chambre AirBnB ? etc. etc.
A mon sens, c'est de l'argent qui circule mais comment cela peut il être intégré au calcul ?  Cela ne crée pas de valeur ? Un trajet fait sur blablacar ne créerait pas plus de valeur que le même trajet en train ?
A priori, je suppose qu'ils ne sont pas intégrés, mais alors du coup, effectuer un voyage blablacar au delà d'être moins cher, coûterait des points de PIB, parce que pas payés à la SNCF ???

Et le recyclage ? Comment est-il pris en compte dans le calcul ? L'obsolescence programmée impliquerait-elle une hausse du PIB ? Quel serait alors le lien entre PIB et surconsommation ? En effet, plus un appareil tombe en panne vite, plus vite on le remplace, et plus on augmente le PIB...

Mais au delà de ça,comment est mesurée l'activité de recherche, et ses impacts sur la création future de valeur ? Et le crowd-Funding ?
Tous ces aspects sont ils donc du l'ordre de l'epsilon ? Et si oui, vont-ils longtemps le rester ? 

Un autre exemple de questions que je me pose sur le PIB ? Comment sont intégrées les activités bénévoles ? A mon avis, elles ne le sont pas mais créent pourtant de la valeur.

Le patrimoine sous toutes ses formes est une forme de richesse d'un pays qui n'est pas toujours marchand, un savoir, ou un savoir-faire n'est pas mesuré par le PIB.

Une myriade d'indicateurs possibles

Il me semble que de savoir mesurer le revenu moyen d'un Français, la part de population dans la pauvreté, le niveau moyen d'éducation, le taux de dépressions, ou de burn outs, de satisfaction globale de la population, de sa crainte ou sa confiance dans l'avenir, la qualité des infrastructures, de sécurité, de pollution, de maladie au sens plus général,... Tout cela permettrait d'avoir une vision plus réaliste de l'état de la société.

Alors, j'ai fait quelques recherches sur des indicateurs alternatifs :
L'IDH : Indice de Développement Humain : Il prend en compte 3 dimensions : l'espérance de vie des habitants, la longueur des études, et le revenu par habitant. C'est déjà mieux. 
A observer le classement, on y constate la présence en masse parmi les vingt premiers pays des champions de l'éducation (pays scandinaves, Singapour, Corée, ..). A noter qu'en 2014, les USA sont selon l'IDH, 8èmes et la France 22ème

C'est une mesure qui est bien plus satisfaisante car elle relègue l'économie à ce qui devrait être sa place, une des composantes de la vie, et pas la seule.

Mais à tout cela, je vois encore des manques. Mesure de la corruption, des droits individuels, de la criminalité mais aussi l'évaluation de la dégradation de l'environnement. Essayons plus loin.

Il y a bien eu aussi un produit intérieur doux, lointaine expérience sociologique québécoise de 2009, vite tombée dans l'oubli.

Et puis je me suis rappelé ça : le Bonheur National Brut. On a tous entendu parler un jour ou l'autre du BNB. Cet indice préconisé par le président du Bhoutan en 1972 intègre bien plus de notions dans son calcul, 72 critères pour être plus exact, mais il m'a été impossible d'en avoir une liste exhaustive. Il mesure le bonheur ou du moins sa perception suivant 6 axes (Générosité, Support social, PIB par habitant, perception de la corruption, liberté, espérance de vie en bonne santé). Et j'ai trouvé un classement. La France y est 31 ème... la classe.

 Le PIB est le pire des indicateurs

Il ne prend en compte qu'une seule composante de la vie humaine, un peu comme si on jugeait de la bonne santé d'une personne en ne mesurant que son poids !!! De plus, il est très certainement injuste, incomplet et entaché de nombreux défauts, loin des réalités modernes et son évaluation introduit des biais détestables.

Débarrassons nous en !!!

Oui je suis convaincu qu'il faut s'en débarrasser. On a vu les défauts en amont de son mode de calcul, mais en aval, c'est pire encore. Il oriente toute la société vers la surconsommation au mépris de toutes les autres composantes. Pouvoir disposer d'un air sain, d'eau potable et de qualité, rien que ces deux ressources naturelles ont à souffrir d'une production humaine en constante augmentation. Or le PIB dicte toutes les politiques économiques ou autres.
D'aucun me rétorqueront que c'est du pragmatisme, ce à quoi je répondrais qu'un vrai pragmatique monétiserait alors les bienfaits apportés par la présence d'une forêt à côté de chez soi pour ne prendre qu'un exemple. 
Il est en effet à mon avis un peu facile de considérer que l'air ou l'eau appartiennent à tout le monde sans se soucier de leurs pollutions.
Et aux politiques, je voudrais dire que toute la philosophie du PIB et les raisonnements autour sont pour moi de l'ordre de la pensée unique. Au delà du PIB et de sa croissance, point de salut ? Les populations sentent bien que ce n'est pas et ne peut pas être le cas. D'où un décalage profond, nous n'avons pas vous (personnels politiques) et moi (et nous oserais-je dire) en tête les mêmes axiomes de départ, pas étonnant qu'on ne puisse pas se comprendre.

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PS : Je ne fais qu'exposer mes convictions, et je peux me tromper alors je reste ouvert au débat

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